lundi 13 octobre 2014

Concevoir une médiation face-public (5) : Tester une animation ... avec ou sans public ? avec ou sans collègues ?

Le public d'un test doit-il faire semblant d'être le public-cible ? 
Une des questions à se poser avant d'organiser le test d'une médiation face-public

Toute conception d'une médiation face-public donnera lieu à des tests. Il en existe de nombreux possibles : test de robustesse du matériel pédagogique, test de durée des phases discursives, test de cohérence des déplacements, test de réceptivité des publics, test de la dynamique de la séance...
Si la méthodologie de chacun des tests mériterait une réflexion propre, 2 questions se reposent à chaque fois : Pourquoi le test ? Et avec qui ?



Pour beaucoup de ces tests, la méthode consiste à réaliser un « prototype » de séance. C'est-à-dire une séance qui, pour certains aspects, ne correspond pas à ce que seront les futures séances en exploitation.

Les publics-test

Parmi ces caractéristiques, plus ou moins proches de la réalité, les publics utilisés pour les tests doivent être pensés avec beaucoup d'attention. Il y a différentes raisons à cela :
  • Le public du test est un des facteurs les plus « alourdissants » de l'organisation du test et l'un de ceux qui génère le plus de coût (en temps ou en argent). Il s'agit donc d'un paramètre qui va fortement influencer la tenue ou non de tel ou tel test, et le nombre de tests réalisables.
  • Le public est au cœur de la future médiation puisqu'il va porter les objectifs culturels de chaque séance et sera au centre de l'attention de chaque médiateur. Or ce n'est pas forcément le cas pour tous les tests. Dans certains cas, la sur-attention portée aux publics du test risque d'éloigner le médiateur-testeur des paramètres ou questions qu'il cherche à tester. A l'inverse, dans d'autres cas, ne pas se concentrer sur le public risque de trop éloigner le test de la réalité et d'en réduire la portée des résultats.

2 questions de fond : pourquoi et avec qui ?

Pour tenter de « bien penser » les publics des tests, il convient donc de se poser 2 questions fondamentales :
  • Je teste quoi ?
    • A quelle question nous cherchons à répondre en organisant ce test ? Notez que cette question est en fait LE prérequis à toute démarche d'évaluation, démarche dont le test n'est qu'une des méthodes.
    • Faut-il un test pour y répondre ou existe-t-il d'autres façons de procéder ?
    • Puis-je tester différents paramètres ou différentes questions en même temps ?
  • Quel doit être mon public-test ?
    • Doit-il y en avoir un ? Doit-il être aussi nombreux qu'en situation réelle ?
    • Faut-il un « vrai public » et si oui doit-il être prévenu du caractère « test » de la séance ?
    • Faut-il un « faux public » et, dans ce cas, de qui doit-il être composé ? de professionnels de l'animation, des publics, de la culture, de la structure, des contenus ...
    • Les « faux publics », doivent-ils jouer le rôle des publics cibles et « faire comme si ! » ?
    • ...

Des tests chers

Chacune de ces propositions (question et public) peut apporter des éléments à l'amélioration des futures séances et mériterait la mise en place de test. Mais les tests coûtent cher et ne peuvent se démultiplier. Il faut donc s'interroger sur les questions qui sont vraiment essentielles et pour chacune d'elles vérifier si le test avec public est vraiment la seule façon d'y répondre. Enfin, il faut pour chacun des tests chercher à en optimiser le résultat, en diminuant au maximum les coûts qu'il engendre et en augmentant les réponses qu'il apporte.
Concernant cette dernière remarque, il faut tout de même faire attention car l'augmentation du nombre de questions auxquelles le test veut répondre peut amener une situation où trop de paramètres se croisent. On peut alors aboutir à une évaluation dont l'analyse est trop complexe et qui peine à faire des préconisations pertinentes.

Mais au fait … Je teste quoi : la médiation, le médiateur, le public, la séance … ?

Enfin, en guise d'ouverture plutôt que de conclusion, je ne peux m'empêcher de vous soumettre une question : « Dans ce que j'observe ou constate durant le test, qu'est-ce qui dépend exclusivement de la médiation prévue, et qu'est-ce qui est plutôt lié au médiateur-testeur, au public-test ou à l'environnement-test du jour ? »
Quand vous vous poserez la question lors de votre prochaine observation d'une séance de médiation face-public, vous constaterez toute la complexité qu'elle recouvre et toutes les difficultés qu'elle introduit dans les démarches d'évaluations et d'améliorations de ce type de médiation (promis je lui consacre un billet entier très bientôt !).

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