vendredi 6 septembre 2013

Concevoir une offre de médiation (3) : La recherche de contenus et d'idées

La recherche de contenus et d'idée : « syndrome de la cuite » et « élagage »


Parlant de CST, il est évident qu'il existe souvent dans les conceptions des séances de médiation, un moment de recueil d'information sur les sujets scientifiques envisagés*. C'est une partie souvent captivante mais qui n'est pas sans risque !


(*sauf lorsque la médiation est réalisée par un spécialiste ce qui pose alors d'autres problèmes)

« Syndrome de la cuite »


Captivante : d'abord elle permet au concepteur d'acquérir de nouvelles connaissances, de découvrir de nouvelles choses ce qui constitue à mon avis un des attraits du métier. En plus elle amène en permanence de nouvelles idées pour le déroulement de la future séance. Les nouvelles idées pour la séance déclenchent alors de nouvelles recherches qui ouvrent encore de nouvelles pistes. C'est le cercle vertueux, et très vite vicieux, de l'accumulation des contenus. Le problème est qu'à la fin le concepteur ne sait plus trop où il veut aller, mais surtout n'est plus en capacité de faire le tri dans l'information recueillie. Plus il en a, plus il en veut et il finit avec un gros mal de tête et une incapacité à s'orienter … C'est le « syndrome de la cuite »:-)

L'élagage


La perte de temps et d'efficacité durant les premières étapes de la conception se double d'une perte de temps au moment de « l'élagage ».
En effet, rares (mais cela arrive) sont les conceptions de médiation scientifique qui manquent de contenu. La plupart du temps, le concepteur finit avec « trop » de matière (scientifique ou autres). Il lui faut donc retirer des contenus, des parties d'animation, des supports, outils ou anecdotes … C'est « l'élagage » ! Cette étape peut se révéler assez difficile puisqu'il ne faut pas perdre la substance de l'animation, son fil, son dynamisme. Mais elle peut également se révéler difficile « affectivement » tend ce peut être douloureux de voir de bonnes idées évincées non du fait de leur qualité mais simplement parce qu'elles sont trop nombreuses.

De l'intérêt de recherche en profondeur


S'il faut chercher à se garder du syndrome de la cuite, il ne faut pas redouter la phase d'élagage au point de brider artificiellement toute recherche en amont. L'abondance d'idée ou de contenus peut en effet avoir des effets également positifs.
Il existe toujours dans une offre de médiation face-public une part d'improvisation liée, a minima, aux interactions avec les publics. Cette nécessité d'adaptation est à la fois la force et la faiblesse des offres face-publics. Pour permettre au médiateur de répondre aux sollicitations de son public ou plus simplement d'être confiant face à lui, il est toujours utile qu'il maîtrise ou ait à disposition plus de contenus scientifiques que ce qu'il prévoit de diffuser. Là encore un élagage est nécessaire afin que le syndrome de la cuite, que l'on décrivait ci-dessus pour les concepteurs, ne s'applique maintenant aux exploitants de l'offre. Mais il faut reconnaître qu'il y a là un réel besoin. Et que celui-ci profitera d'une phase de recherche préliminaire suffisamment conséquente.
L'autre argument en faveur d'une recherche préliminaire pas trop bridée est que plus il y aura d'idées à la base, plus on pourra faire des choix et donc plus on a de chance de trouver l'alchimie qui produira une médiation efficace. On tient là un des moteurs de la créativité (voir le billet précédent) et de l'innovation en matière de médiation comme dans d'autres domaines.
Finalement, après avoir mis en garde contre les difficultés du « syndrome de la cuite » et de la phase « d'élagage », j'en suis venu à promouvoir des phases de recherches préliminaires malgré tout conséquentes. Où se trouve alors le juste milieu ?

Contenus et séquence de médiation


Dans le choix d'un juste milieu entre surabondance et restriction, la distinction entre les contenus scientifiques et les idées d'animations peut aider. Les deux sont souvent liés ce qui rend difficile (voir impossible) leurs « séparations ». Pourtant le traitement qui sera fait du surplus n'est pas du tout le même. Dans le cas des contenus (scientifiques ou autres), les informations surnuméraires qui ne pourront intégrer pleinement l'offre trouveront leurs place dans des dossiers consultables et utilisables par le médiateur. Elles participeront de la formation de ces derniers et constitueront un socle appréciable pour les adaptations et échanges liés au terrain.
A l'inverse, les idées d'animation, de séquences, de jeux... surnuméraires, tout ce qui ne sera pas intégré à la séance prévue, ira tout simplement à la poubelle lors de la phase d'élagage.
Ainsi s'il faut se méfier du syndrome de la cuite dans les processus de conception, il faut aussi savoir ne pas trop limiter les recherches. Pour cela, il faut tout simplement chercher à comprendre ce qui pourra être utilisé par la suite ou non. La distinction entre informations et idées d'animation et leur traitement différenciés après l'élagage, en est un exemple... il doit très certainement y en avoir d'autres …
A chacun de les trouver !

PS : ce billet fait partie d'une série sur les méthodes de conception d'offre de médiation. Les 2 premiers sont là : n°1  et n°2

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