mercredi 16 janvier 2013

La formation des médiateurs en musées de science (2) - Des idées !


 Certains droits réservés par museumdetoulouse

Ce billet et le précédent sont des extraits d'un mémoire réalisé en 2009. Le sujet de la formation des médiateurs face-public dans la CST est remis aujourd'hui à l'ordre du jour par le "projet ESTIM-Ecole de la médiation". Peu d'écrits sont aujourd'hui disponibles sur ce sujet, il me semblait donc intéressant de (re)proposer ce travail pour participer à une dynamique qui j'espère prendra de l'ampleur ... C'est une vraie nécessité pour les acteurs de terrain et les institutions dans lesquelles ils évoluent.

Le précédent extrait posait les compétences nécessaires à ce métier. Reste maintenant à savoir comment les acquérir. Quelques éléments de réponse tirés des réflexions, échanges et expériences pratiques vécus au Muséum de Toulouse ...

Bonne lecture à tous !

PS : S'agissant d'un extrait quelques renvois pourront sembler obscurs, quelques positions pourront paraître "tronquées", si cela devenait trop perturbant, n'hésitez pas à consulter le document intégral. De plus il faut noter que le rapport en question a été publié en 2009 et que certains points ont pu évoluer depuis.

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Après avoir clarifier les besoins en connaissances et compétences que ces médiations [les médiations face-public] peuvent nécessiter. Intéressons-nous maintenant à la façon dont on peut chercher à remplir ces besoins au regard de certaines expériences intéressantes développées au Muséum de Toulouse.


Le recrutement de l'équipe


La première solution que le Muséum de Toulouse a tentée pour répondre à l'ensemble des enjeux et besoins de la médiation orale, réside dans la façon dont cette institution a pensé la constitution des équipes de médiateurs. Aidé, voir forcé, par le nombre de médiateurs à recruter : plus de 40, le Muséum de Toulouse a d'abord décidé de ne pas recruter exclusivement des médiateurs scientifiques, ni même exclusivement des personnes ayant une formation scientifiques, au sens des sciences dites "dures". Ainsi en plus de ces profils "classiques", les médiateurs du Muséum de Toulouse peuvent avoir été recrutés sur des compétences et connaissances :
  • relatives aux sciences humaines : histoire, géographie, histoire de l'art, philosophie…
  • issues de l'animation "pédagogique" ou "spécialisée" : environnement, petite enfance, public handicapé…
  • liées à certaines techniques d'expressions : graphisme/dessin, théâtre, cirque…
Cette pluridisciplinarité permet une multiplicité des approches et formes des médiations. En cela elle apporte une réponse intéressante à l'enjeux de mise en culture en permettant le croisement des regards et la prise en compte de l'intégralité des dimensions des publics (sensible, formel et non formel…). Mais cette diversité des profils de recrutement amène aussi son lot de difficultés et en premier lieu le manque de culture scientifique de certains médiateurs.
Le deuxième aspect lié à la constitution de l'équipe est sa composition en deux groupes : les permanents et  les non-permanents. Les permanents sont embauchés pour du long terme alors que les non-permanents sont renouvelés tous les ans. Cette organisation vise à permettre à la fois la continuité, avec les permanents, et une diversité encore accrue des compétences avec les non-permanents dont les profils peuvent évoluer d'une année sur l'autre. On retrouve ici encore le problème des médiateurs n'ayant aucune formation scientifique mais il est cette fois-ci augmenté de la difficulté à former des personnes qui ne sont là que sur une courte durée.
Ce dernier aspect mérite d'être souligné. En effet, cette difficulté de former des médiateurs qui ne sont là que sur une période relativement courte est particulièrement important pour les médiateurs non-permanents mais existe également plus globalement sur l'ensemble de l'équipe. Sans faire appel à des chiffres précis, il est connu que le métier de médiateurs, comme celui d'animateur, se pratique rarement durant toute une vie professionnelle. Or la complexité des formations à mettre en oeuvre pour remplir les nombreux besoins de connaissances et compétences dont nous avons déjà parlés, risque d'être difficile à mettre en oeuvre pour des personnes peu disposées à rester en poste sur des périodes longues.

Les formations


Comme nous venons de le voir, une fois l'équipe de médiation constituée, la deuxième solution permettant de répondre aux besoins en connaissances et compétences liées à la médiation orale est la formation. Le Muséum de Toulouse n'a pas aujourd'hui un retour d'expérience pertinent sur ce sujet. La principale raison est que le premier plan de formation, au sens d'un ensemble de formations réfléchies globalement, ne fait que débuter. Pour autant, diverses expériences et réflexions ont été menées qui peuvent permettre d'éclairer certains aspects de ce domaine.

Une formation pour acquérir une culture

Voilà un titre qui semble en désaccord complet avec une grande part des idées développées dans les premières parties de ce document. Pourtant le besoin de développer des "cultures" existe. En effet, il faut rappeler, nous l'avons vu plus haut, que la médiation orale nécessite des connaissances liées à :
  • la Culture Scientifique et Technique,
  • des sujets trop nombreux, tels que les notions scientifiques ou les objets exposés.
Dans les deux cas, il s'avère nécessaire de faire émerger des cultures en plus de connaissances "apprises". Notamment sur les missions d'élaboration des médiations, les médiateurs doivent pouvoir faire des liens, trouver des idées, être créatifs, toutes choses qui nécessitent des connaissances "fermes" mais également une forme de culture. Ainsi, pour la mise en place de ces "formations", il faudra absolument tenir compte de la dimension culturelle souhaitée pour éviter de passer à côté de l'objectif de fond.
Le Muséum de Toulouse a réalisé dans cette optique une expérience intéressante au travers des "Visites-Discussions Conservation-Médiation". Il s'agissait de mettre en présence tout au long de l'année des spécialistes des objets exposés dans ses expositions (assistants de conservation, taxidermiste…) et des médiateurs. L'objectif clairement partagé n'était pas une transmission fine des connaissances, mais une discussion "débridée" autour des objets. Le concept a été poussé jusqu'à assumer de ne pas faire de comptes-rendus écrits. (Pour plus de détails, voir le rapport en annexe : "Visites-Discussions Conservation-Médiation"). Notons toutefois que nous avons pu mettre en place ce fonctionnement parce que la dimension "apprentissages de connaissances précises" était assumée par ailleurs, notamment sous la forme de documents de référence.

Des formations ET des outils d'autoformation

Un autre aspect clairement identifié au Muséum de Toulouse est l'intérêt de ne pas tout faire passer par des formations au sens de "formation orale". Il semble être assez évident qu'il faille fournir aux médiateurs un corpus de documentations de références. Il s'agit par exemple :
  • de documents "validés" par la direction et présentant les grands objectifs de l'établissement,
  • de documents "validés" par des spécialistes et présentant des notions scientifiques ou des objets exposés,
  • de documents "stabilisés" présentant les procédures de fonctionnement de la médiation ou de l'établissement,
Mais il faut surtout réfléchir ce corpus en cohérence avec l'organisation des formations orales, comme cela a été le cas sur l'exemple précité des "Visites-Discussions Conservation-Médiation".
Ces documentations ont plusieurs intérêts. Elles permettent d'abord d'accompagner les formations orales. Ensuite elles permettent une priorisation des connaissances. Ainsi, certaines doivent être lues, certaines doivent être sues, certaines peuvent n'être que mises à disposition en fonction des besoins. Cette distinction est importante car elle permet aussi de définir un socle minimum de connaissances à avoir pour chaque médiateur. D'une part cela aide les médiateurs, et notamment les nouveaux arrivants, à prioriser leur travail d'apprentissage. D'autre part, ce socle ou plus globalement cette distinction, devrait également permettre d'alimenter la réflexion autour de l'évaluation des médiateurs.

Des personnels de terrain, des formations/outils de terrain

Enfin un dernier point intéressant que l'on a pu voir émerger dans les diverses expériences liées à la formation des médiateurs au Muséum de Toulouse, est l'importance de prendre en considération le fait que les médiateurs sont avant tout des acteurs de terrain. Encore une fois, cet état peut paraître trivial, mais il doit être maintenu à un haut niveau d'importance dans les réflexions sur la formation. Pourquoi ?
D'abord parce que en tant qu'acteurs de terrain, les médiateurs passent beaucoup de temps en face public et que la disposition d'esprit que cela nécessite est très loin de celle nécessaire sur des temps de formation ou d'apprentissage. Cela implique que le temps dévolu à la formation orale comme à l'apprentissage n'est pas illimité et n'est certainement pas suffisant pour remplir l'intégralité des besoins déjà explicités. A cela, il faut d'ailleurs ajouter la difficulté d'organisation, notamment "plannistique", que les nécessités du terrain impose (voir le rapport en annexe : "Visites-Discussions Conservation-Médiation"). Cela implique également que le passage d'un temps "face-public" à un temps "formation-apprentissage", n'est pas facile et encore une fois cela impose une organisation "plannistique" complexe.
Ensuite, parce que les formations, documentations, outils à destination des médiateurs doivent tenir compte de leur mission principale qui est le terrain autant dans leurs contenus que dans leurs formes. La théorie pour la théorie doit être évitée et l'on cherchera autant que possible à identifier clairement les besoins et  contraintes précises du terrain avant de mettre en place une formation, un document, un outil. En cela les diverses réflexions présentées dans ce document et notamment celles relatives à la distinction entre "besoins de cultures" et "besoins de connaissances" doivent pouvoir aider. Concernant les documentations liées à des connaissance scientifiques ou historiques, le Muséum de Toulouse expérimente de nombreuses formes qui sans pouvoir conclure dès aujourd'hui semblent au moins montrer l'intérêt de la question.

1 commentaire:

  1. Toulouse est un centre très dynamique sur ce sujet et je suis heureux de travailler avec Monique Martinez sur le projet de chaire de muséologie hospitalière. JF Moreau http://www.linkedin.com/groups?home=&gid=4753024&trk=anet_ug_hm&goback=.gmr_4753024

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