mardi 5 avril 2011

L'argent, un objectif pour mieux évaluer les actions culturelles ?

De la difficulté d'un domaine où il n'existe pas cette boussole absolue : l'ARGENT !!!!

Il m'arrive de temps en temps d'aller piocher mes réflexions dans des comparaisons quelque fois curieuses mais presque toujours fructueuses (voir là-sur la traduction, là-sur le jeu ou encore là-sur l'art). Or je travaille actuellement sur certaines démarches d'évaluation et sur les difficultés qu'elles soulèvent dans les institutions de CST. Et je me suis demandé si il n'y avait pas quelque chose à tirer du fait que nos institutions culturelles sont rarement des entreprises à but lucratif !

Chouette ! Une nouvelle idée !


L'évaluation recouvre un nombre hallucinant de concepts et d'idées dont je ne vais pas faire le tour ici. Ceux-ci s'expriment dans un nombre non moins hallucinant de domaines : tout, ou presque, aujourd'hui s'évalue - même si le terme recouvre des réalités très différentes selon les contextes.

Dans tout ce fourbi, il est une évaluation dont on parle peu en tant qu'évaluation c'est celle que l'argent (ou le marché) effectue de fait sur les entreprises à caractère privé. En effet parmi toutes les évaluations certaines ont pour but de juger, de sanctionner. Or l'argent (ou le marché) effectue très bien cette tâche sur les entreprises. Mieux le critère de rentabilité est au coeur des objectifs de la plupart des entreprises privées qui "vivent" dans un environnement qui ne permet la survie qu'à l'aune de ce critère ...
N'est-ce pas formidable d'avoir ainsi comme objectif absolu, un objectif dont l'évaluation se trouve être garantie par son environnement ? Mais l'idée va plus loin. L'argent dans les entreprises irrigue tout et tout le monde. C'est le rasoir d'Occam des choix cornéliens du privé et cela presque à tous les niveaux. Il offre aussi une base solide et commune à la culture de tous les salariés. Attention, je ne réduis pas les objectifs ou la culture des entreprises au seul "argent", mais il en fait partie, il y est important et il faut reconnaitre qu'il y joue un rôle que le monde de la culture publique ou associative pourrait envier à l'entreprise.


La difficulté de l'évaluation des actions ou structures de CST ne tiendrait-elle pas à l'absence d'une boussole absolue, qui jouerait le rôle que l'argent peut avoir dans le monde du privé ? Poursuivant ma réflexion, je cherche un remplaçant et n'en trouve pas. Aucun des éléments-objectifs-indicateurs en général utilisés dans le cadre des évaluations d'actions culturelles ne semblent à la hauteur ...

Le public serait un candidat !!! Sa quantité tend d'ailleurs à devenir le critère exclusif d'évaluation des institutions. Il est au cœur de la culture des acteurs de CST. Nos objectifs quantitatifs et qualitatifs, à court, moyen ou long terme, de niveaux stratégiques comme opérationnels portent toujours sur le public. Le problème reste que LE public n'existe pas. Sa nature est multiple. Ses facettes sont nombreuses. Il n'a pas cette simplicité enviable et si facilement quantifiable qu'a l'argent.

Intéressant non ! Personnellement, je vois 2 gros points à retirer de cette comparaison.
Le premier est qu'il faut se méfier des comparatifs privés/publics (là c'est un peu l'hôpital qui se moque de la charité !!!). En effet la différence de statut ne se résume pas qu'à une simple différence d'objectifs théoriques (argent VS public). Cette dernière, l'absence de la boussole "argent", conditionne des différences bien plus profondes, on l'a vu et vous en trouverez d'autres j'en suis sûr !
Le deuxième point important est de prendre conscience de cette absence de boussole et de ses conséquences. Cette absence complexifie fortement certaines tâches ou missions : l'évaluation, le choix stratégique, le développement de la "culture d'entreprise", ... Au lieu de répéter à l'envie que notre boussole ce sont les publics ou la culture ou la science, il s'agit d'intégrer la complexité sous-jacente à ces termes, et d'assumer qu'elle rend nombre de nos travaux bien plus compliqués qu'il n'y parait a première vue. En plus vulgaire cela donnerait "D'accord, il ne faut pas se masturber le cerveau, conceptualiser et théoriser à outrance ou tout le temps mais il ne faut pas non plus nier qu'on bosse sur /et pour de l'humain et que la culture, la science, la société, ça n'est pas franchement des concepts toujours évidents !"

A bon entendeur, salut !

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