jeudi 17 mars 2011

Médiateurs scientifiques - De la Culture de la VRAIE !

Tomber sur ce texte présentant l'esprit du Palais de la Découverte, je me suis demandé en quoi le caractère "humain" des médiateurs peut-il influencer la dimension "culturelle" des actions de CST.

Mais commençons par le commencement ! Qu'est-ce que la CULTURE scientifique ?

(attention je n'ai rien lu sur le sujet et ne me base ici que sur mon appréciation de ce que revêt ce terme dans l'usage qui en est fait autour de moi )
D'abord il faut distinguer diverses "définitions" de culture qui bien que liées ne représentent pas du tout la même chose. La culture d'une personne est une somme de connaissances dont la "liste" lui est propre. La culture d'une population est également une somme de connaissances mais cette fois-ci partagées par tous les membres de la population (ou une grande majorité). Enfin une culture donnée (générale, scientifique, française, ...) est à l'inverse une liste spécifique de connaissances qui définirait une population théorique. Cette population théorique peut alors servir d'objectif à atteindre par exemple.
Pour illustrer un peu ces "idées", voilà un exemple. La culture française peut se comprendre comme l'ensemble des connaissances partagées par une majorité de français. Pourtant Balzac fait partie de la Culture Française et je ne suis pas certain qu'une majorité de français y connaisse quoique ce soit. Ainsi la culture d'une population donnée représente à la fois la liste effective des connaissances partagées par les individus de cette population mais aussi la liste théorique, souhaitée, visée, des connaissances que ces individus devraient avoir, ou que des individus souhaitant s'y intégrer devraient acquérir.

Vous me direz ... je chipote un peu là !

He bien, non ! car cette distinction peut prendre un caractère assez important quand on se dit acteur de la CST.

La diffusion des savoirs
"Diffuser la CST" semble par exemple clairement utiliser le terme culture comme un corpus pré-établi de connaissances que la population devrait acquérir. La production de cette connaissance n'a a priori pas à se faire au sein de la population. On peut au passage se poser pas mal de questions quant à la méthode pour établir le corpus à connaitre. (c'est par exemple la question du : "à partir de quand une théorie est suffisamment assise pour être autorisée à faire partie des programmes scolaires, des actions de CST, ...). Enfin quoique le terme "diffuser" édulcore quelque peu l'idée, on sent que la démarche d'apprentissage est forte dans ce type de syntaxe.

Qu'on ne s'y trompe pas, je ne discrédite en rien ici l'une ou l'autre des "définitions" de la culture, mais je trouve intéressant d'y faire un peu le ménage. D'ailleurs si la démarche de diffusion fonctionne bien, si l'enseignement est efficace, .... le corpus pré-établi finit effectivement par être bien partagé dans la population, et la distinction entre les deux définitions disparait à nouveau. Exemple : si Balzac était enseigné dans toutes les petites classes et faisait l'objet d'un blockbuster américain associé à une série diffusé sur France 3 à 20h, on aboutirait assez vite à ce que Balzac fasse partie de la culture de la plupart des français et de la culture française !!!

Le développement de la CST
Si l'on se réfère maintenant à l'autre définition de culture, la CST de nos concitoyens est simplement la liste des connaissances (dites scientifiques et techniques) partagées par eux. Développer la CST, c'est donc bien travailler à l'émergence de savoirs de type scientifique parmi la population. Encore une fois une des méthodes est l'enseignement : sorte de greffe de connaissance :-). Mais l'on peut aussi chercher à favoriser une construction du savoirs par les citoyens eux-même. (D'ailleurs en poussant je pense que les champs se superposent à bien des égards : l'enseignement peut chercher par exemple à prendre en compte les spécificités propre à l'élève y compris en s'adaptant aux méthodes d'apprentissage propre à l'élève).

Les médiateurs ou animateurs scientifique
Nous y voilà ! En quoi le caractère "humain" de ces acteurs peut-il influencer la dimension "culturelle" de nos actions ???? Au regard du dernier paragraphe, on commence à voir en quoi l'humain est un outil privilégié du développement de toute culture. En effet, le médiateur est d'abord un des membres de la population. Sa culture personnelle participe de la culture de la population. Ses connaissances s'ajoutent au corpus commun. Mais ses connaissances comme celles de son public vont surtout se construire mutuellement dans l'échange. Et c'est bien dans cet échange que l'on fera "culture". Le caractère humain du médiateur par l'équilibre qu'il peut offrir à ses interlocuteurs (surtout dans des situations de discussion ou d'animation de faible nombre) laisserait une vraie place à la culture de l'autre, à l'opposé ou tout du moins d'une façon bien plus efficace que d'autres médias.

C'est curieux comme on peut ainsi montrer que ces acteurs, les médiateurs ou animateurs, sont au coeur des enjeux de pas mal d'institutions dites culturelles. Reste maintenant à faire en sorte que ce constat serve la place pas toujours facile que ces acteurs peuvent avoir dans ces mêmes institutions.

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